Publication Date
September 2021
Publisher
puf
Language
French
Type
Book Chapter
Edited Volume
Histoire globale des socialismes, XIXe-XXIe siècle
Editors
Jean-Numa Ducange, Razmig Keucheyan, Stéphanie Roza
Pages
532-543
Additional Information
Abstract
Aucun courant du socialisme n’est sorti indemne du XXe siècle. Lors de la chute du mur de Berlin, l’opinion dominante donnait les courants révolutionnaires définitivement enterrés, alors que les courants réformistes avaient le vent en poupe. De fait, les années 1990 furent un âge d’or pour la social-démocratie occidentale. Elle exerça notamment le pouvoir en France (Lionel Jospin), en Allemagne (Gerhard Schröder), et en Grande-Bretagne (Tony Blair). C’était l’époque de la « troisième voie », de l’hybridation entre le néolibéralisme et la social-démocratie débouchant sur le « social-libéralisme ». Les années 2000 virent quant à elles accéder au pouvoir des représentants de partis se réclamant d’un socialisme « populiste » en Amérique latine : au Brésil, en Équateur, en Bolivie notamment.
En 2020, le constat est différent. Dans la plupart des pays latino-américains, les expériences socialistes ont vécu. En Europe, le réformisme social-démocrate est en position difficile, voire critique. Il suffit pour s’en convaincre de suivre la trajectoire du Parti socialiste français de l’élection de François Hollande en 2012 à nos jours. Dans d’autres pays de vieille implantation social-démocrate, la situation est un peu meilleure. Les sociaux-démocrates gouvernent encore parfois, par exemple aujourd’hui en Espagne ou en Suède. Toutefois, c’est toujours dans des coalitions dans lesquelles ils sont majoritaires mais affaiblis. La mondialisation néolibérale qu’ils avaient voulu dompter a rendu de plus en plus difficile ce qui depuis le début du XXe siècle avait été leur credo : la régulation des « excès » du capitalisme et la protection sociale. Dans le « social-libéralisme », le libéralisme a globalement pris le dessus. Hors d’Europe, dans une tout autre configuration historique et politique, en Chine, possible première puissance mondiale dans un avenir proche, le parti au pouvoir se réclame explicitement d’un socialisme marxiste. Mais pour développer leur pays ses dirigeants sont allés très loin dans les accommodements avec l’économie de marché.
Résultat : tout socialisme est aujourd’hui en crise. Une crise électorale dans de nombreux pays, qui est aussi plus fondamentalement une crise d’identité. Cet ouvrage est-il un bilan avant liquidation ? Certes non. D’abord, les socialistes en ont vu d’autres. Que l’on songe à ce qu’être socialiste pouvait supposer de courage et de détermination à certaines époques, par exemple durant les années 1930 en Europe ou les années 1970 en Amérique latine, lorsque la répression s’abattait massivement sur ses militants et que toute perspective positive semblait relever de l’impossible. Surtout, le socialisme est l’envers du capitalisme. Aussi longtemps que ce système exploitera et aliénera, des socialistes s’élèveront contre la misère et les inégalités qu’il génère. Le monde de crises financières, de guerres, de changement climatique et de pandémies qui est le nôtre produira sans nul doute des socialistes. Reste à savoir sous quelles formes.
Biographical Note
Matthias Middell (SFB 1199 & Leipzig University, Germany)
Matthias Middell is a professor of cultural history at Leipzig University as well as a speaker of the SFB 1199 and director of the Global and European Studies Institute at Leipzig University. He studied history earning his PhD from Leipzig University with his research focusing on the French Revolution. Since 2013, he has served as the director of the Graduate School Global and Area Studies in Leipzig and is currently the head of the Erasmus Mundus Global Studies Consortium. He teaches regularly at partner universities and co-supervises PhD candidates with colleagues from France, South Africa, and Ethiopia. His current research interests include the history of the French Revolution from a global perspective, history of cultural transfers around the world, and the role of space in the understanding of the current world being the result of long-lasting global connections.